Jours 40, 41 & 42 : Agra, le Taj Mahal (et le reste)

Après quelques heures de train, nous arrivons à Agra où nous partons directement pour notre hôtel. Après un dîner léger, nous allons nous coucher. Le lendemain, mercredi 15 mars, nous nous levons avant 6h pour partir voir le Taj Mahal. Tout d’abord, il faut acheter les tickets. Le guichet, qui ouvre à 6h, se situe à quelques mètres de notre hôtel. Il y a déjà beaucoup de monde, et surtout beaucoup d’occidentaux car il y a une queue différente pour les Indiens qui est beaucoup plus rapide (le tarif d’entrée est aussi 10 fois moins cher). Une fois allégés des 1000 roupies chacun de l’entrée (qui comprennent une petite bouteille d’eau et une protection de chaussures pour entrer dans le Taj), nous nous dirigeons vers le fameux monument, avec une émotion assez particulière. Depuis les guichets, il faut compter 750 mètres environ. A l’entrée, il y a deux queues (encore), cette fois une pour les hommes et une pour les femmes. Celles des hommes est beaucoup moins longue et Romain arrive assez rapidement (presque 20 minutes quand même). Mais à la sécurité, on l’informe que le sac à dos est interdit (un des employés de l’hôtel nous avait dit ce matin que c’était bon)… La sécurité au Taj Mahal est digne de celle d’un aéroport : on ne peut pour ainsi dire rentrer qu’avec un appareil photo et un téléphone portable. Les caméras, la nourriture, tous les objets coupants, les cigarettes, les briquets, les crayons, etc. sont interdits. Romain est donc obligé de faire demi-tour jusqu’à l’hôtel pour reposer son sac… Heureusement à son retour la queue des hommes est vide et Marine vient juste de passer la sécurité. C’est bon, nous pouvons finalement entrer ! Nous entrons par une grande cour, d’où on peut déjà apercevoir l’immense dôme. Il y a ici 3 portes pour accéder aux jardins, nous passons par la porte Est. Le Taj se laisse entrevoir par la porte, c’est parti pour les frissons…

Il est énorme, tout au bout d’une allée, mais si imposant et majestueux qu’on ne voit presque que lui (et les centaines de touristes qui se massent devant). Car oui, on a beau y aller le plus tôt possible, il y a du monde, beaucoup de monde en cette saison. Et on a l’impression que les gens sont à Disneyland : ils montent sur les bancs, posent dans tous les sens, crient, les gardes crachent dans leurs sifflets… On est loin du monument funéraire, plein de ferveur et de fierté qu’est le Taj Mahal. Heureusement, sa beauté nous fait oublier le reste. Il y a encore quelques travaux en ce mois de mars, mais nous avons de la chance car la restauration du dôme n’a pas commencé (à priori en avril).

Nous avançons à travers le centre des jardins, puis nous dirigeons à l’ouest, vers la Mosquée. Le Taj Mahal est un monument de L’Empire Moghol, qui marque l’apogée de la culture musulmane en Inde, et dont Agra fut la capitale. Sa construction commence en 1631, quand Mumtaz Mahal (« la lumière du palais » en persan), quatrième femme de l’empereur Shah Jahan, meurt en mettant au monde leur quatorzième enfant. Bouleversé, il décide de faire bâtir en son honneur ce magnifique mausolée. La construction s’achève en partie en 1648. La légende raconte que le Shah aurait fait tuer la fiancée de l’architecte afin qu’il ressente sa douleur et crée un chef d’oeuvre à la hauteur… Il a ensuite fait venir du marbre du Rajasthan, des pierres précieuses et semi-précieuses de toute l’Asie, plus de 22000 personnes et 1000 éléphants pour les travaux… une folie des grandeurs entièrement compréhensible quand on voit le résultat. La symétrie du Taj est parfaite, des 4 minarets indépendants aux deux bâtiments en pierre de sable rouge situés à l’est et à l’ouest. L’unique différence : celui de l’ouest est une mosquée, celui de l’est construit uniquement pour ne pas casser à la symétrie. Il est parfaitement identique mais n’est pas utilisé comme mosquée, n’étant pas dans la direction de la Mecque. C’est donc vers ce premier bâtiment que nous nous dirigeons. S’il n’est pas toujours sur les photos, c’est bien dommage car il est vraiment splendide et vaut déjà le déplacement ! Il est magnifiquement ornementé et sa pierre rouge contraste avec le blanc éblouissant du marbre.

Direction ensuite le fameux mausolée. Nous chaussons nos magnifiques couvre-chaussures et c’est parti ! Il y a ici beaucoup de monde et encore une fois le tourisme de masse n’est pas forcément beau à voir ! Certains semblent avoir oublié leur respect à la maison : ça n’enlève pas les chaussures, ça prend des photos à l’intérieur là où c’est interdit, ça hurle là où on demande le silence… Bref c’est plus le souk qu’autre chose là-dedans et on ressort vite du bâtiment sans en avoir trop profité. Nous nous retrouvons de nouveau sur la grande esplanade en marbre qui brûle les yeux de son blanc immaculé au soleil. Nous partons vers la jawab ( »réponse » en perse), le monument symétrique à la mosquée. Nous allons ensuite nous promener dans le jardin, observer les perruches et les écureuils. Et voilà, c’est déjà fini, on a vu le Taj Mahal, en vrai. C’est dur de réaliser, quand on concrétise un rêve !

Nos chaussures de payots

Les inscriptions coraniques sur la façade, et un des 4 minarets (34m de haut)

Pour nous remettre un peu de nos émotions, nous rentrons nous reposer à l’hôtel. Nous repartons un peu plus tard vers le fort d’Agra, l’un des plus grands forts d’Inde, et vers la mosquée Jama Masjid. Mais d’abord nous allons déjeuner ! Nous avons repéré un petit restaurant sur Internet, qui ne paye pas de mine. C’est un boui-boui typique et on nous sert directement des thalis végétariens avec des puris (chapatis frits et gonflés), des légumes et une sorte de chutney. Tout est très bon et en plus on nous ressert jusqu’à ce que l’on explose ! Le serveur nous apporte même des gâteaux très sucrés au miel (mais bons) sans qu’on ait demandé… Mais bon c’est tellement peu cher que ce n’est pas bien grave ! On s’en sort pour 3 euros environ pour les deux thalis, les puris en plus, les gâteaux et deux thés… Plutôt honnête.

Nous partons ensuite vers la mosquée. Un homme nous fait faire le tour et nous montre les salles de prières pour les hommes et les femmes ainsi que la petite école au sein de la mosquée. Le bâtiment est en pierres rouges, magnifique, avec un impressionnant dôme. Un bel endroit au calme du grouillant marché d’Agra. Nous repartons mettre nos chaussures, comme d’habitude on nous demande un pourboire pour avoir « gardé les chaussures », et comme d’habitude nous refusons. On ne s’en sort plus sinon…

Nous nous dirigeons maintenant vers l’énorme fort de la ville, entièrement rouge là aussi. L’entrée est de 500 roupies, mais la visite vaut le coup. On n’a accès qu’à une infime partie du fort, mais déjà bien grande : le palais, et ses innombrables jardins, ses mosquées… Une belle visite, avec aussi quelques jolies vues sur le Taj Mahal.

Comme le soleil va bientôt se coucher, nous décidons de partir vers Mehtab Bhag, un jardin au nord du Taj Mahal, de l’autre côté de la rivière. C’est le meilleur spot pour voir le coucher de soleil sur cette merveille. Le parc est payant (200 rps chacun) mais très agréable, et nous commençons par y faire un tour avant le spectacle du coucher de soleil. On y croise de belles petites chèvres, des martins-pêcheurs, des buffles… Mais surtout un bébé chien magnifique et blessé à la patte 🙁 L’Inde est difficile pour les animaux et ceux qui les aiment, et on se sent souvent vraiment impuissant, surtout quand on est de passage comme ça…

Belette la biquette

Petit chien <3

Nous partons nous assoir pour observer le Taj Mahal qui se dore légèrement avec le soleil couchant. Un beau moment où le Taj s’offre à nous et où l’on se dit qu’on a de la chance…

Nous décidons ensuite d’aller dîner un peu plus que l’hôtel, et trouvons le Good vibes restaurant qui a l’air sympa. Pendant le dîner, nous demandons au serveur s’il sait où nous pouvons réserver des billets de bus (nous devons partir pour Delhi le lendemain et impossible de réserver en ligne). Il nous indique l’hôtel qui jouxte le restaurant, où l’on nous vend des tickets pour un bus non-climatisé, le lendemain à midi. Parfait pour nous.

Jeudi 16 mars, cela commence moins bien. Nous partons prendre notre petit déjeuner au Good vives, ce sera bof cette fois. Puis direction la station de bus où nous arrivons vers 11h. Nous montrons nos tickets à un homme patibulaire qui nous dit d’attendre sur des chaises devant sa boutique. Un bus attend déjà à côté. L’homme nous indique que nous pouvons  »si nous voulons » prendre ce bus qui part plus tôt et qui est en plus climatisé, mais il faut payer plus. Ce n’est pas la peine, nous ne voulons pas, le bus sans climatisation nous va très bien (assez de rhume pour l’instant). Il insiste, son collègue aussi… Non et non. Nous avons vu sur les avis Google de cet agent, après avoir acheté les billets bien sûr (pour ceux qui veulent voir : la joyeuse note de 1/5), que c’est une technique classique : le surclassement payant… On nous redemande plusieurs fois, nous commençons à bien nous agacer et à nous demander si ce bus non-climatisé existe vraiment… L’homme nous dit qu’il arrive. En effet un peu plus tard, un autre bus arrive. Mais des Français qui doivent le prendre nous indiquent qu’il est climatisé lui aussi. Super… On commence vraiment à monter en pression, mais vers 13h, on nous dit de monter à bord. Soulagement ! Nous donnons donc nos bagages pour qu’ils le mettent dans le coffre, refusons le classique luggage charge (« frais de mise en soute du bagage », juste une arnaque pour touristes)… Et montons. Mais en voulant passer de la cabine à l’espace passager, on nous refuse l’entrée et on nous indique les sièges dans la cabine du chauffeur, qui sont plutôt des banquettes sans dossier. Là c’est la goutte d’eau… Nous partons un peu en vrille, tentons de nous assoir dans le bus mais c’est non. Le boss insupportable vient nous hurler dessus et on finit par obéir à contrecœur… D’autres passagers Indiens nous rejoignent dans la cabine, on est 5 sur la banquette, normal… On essaye de relativiser en se disant que pour eux c’est ça la classe non climatisée… Enfin, nous aurions apprécié être prévenus clairement dès le début au lieu d’avoir à faire à des escrocs (oui on est toujours un peu à cran !). Finalement le voyage se passe plutôt bien (heureusement c’est rapide… 3h30). Marine s’endort sur la vitre, mais comme le siège est bas, elle se cogne plusieurs fois sur le rebord, en se rendormant comme un gros loir à chaque fois ! Résultat, en se réveillant une bosse énorme et un fou rire !

Nous arrivons rapidement à Delhi, vers 17h. Nous passons un long moment à négocier le rickshaw, car ils abusent vraiment ! On divise le prix par trois, les chauffeurs en concurrence se mettent vraiment à péter les plombs, se crient dessus, ils font presque peur ! On monte finalement avec un chauffeur très sympa qui rigole tout le temps, pour un prix raisonnable. On s’en sort bien. On arrive à l’hôtel, la chambre ne fait pas très envie, il fait trop chaud sans le ventilo, trop froid avec (il n’y a que le niveau maximum qui fonctionne). Bref c’est pas trop notre journée ! Nous allons nous remonter le moral dans un restaurant coréen un peu hors budget mais qui aura le mérite de bien nous changer les idées, car aujourd’hui nous n’avions pas trop envie de manger indien ! 🙂

Demain, au programme, visite de Delhi, pour nous faire notre petite idée sur cette ville sur laquelle nous avons entendu tant de choses… pas souvent positives !

En bonus, la grosse bosse de Marine